Le second point noir pouvant constituer un obstacle au fonctionnement du Mercosur est le faible niveau du commerce intra-r gional. Contrairement ce que l on observe au sein de l Union europ enne, le niveau d interd pendance du commerce sous-r gional est encore faible, malgr des progr s consid rables. D s l origine, cet indicateur atteint 26% pour la Communaut europ enne alors que pour les pays du Mercosur il ne se situe qu 5,5% en 1985 et 9% peine en 1991 et s l ve 15% la fin de l ann e 1994 +. Cependant, le poids du commerce intra-r gional n est pas le m me selon les pays. Ainsi, le Paraguay et l Uruguay effectuent plus de 40% de leurs changes avec les pays de la sous-r gion, tandis que pour l Argentine et le Br sil ce chiffre d passe peine la barre des 15% et des 10% respectivement.
Un autre probl me est souvent mis en avant par les diff rentes analyses portant sur le Mercosur. Il s agit du manque d harmonie entre les politiques conomiques des pays associ s. Cette harmonisation des politiques, essentielle pour la r ussite du projet, n a gu re avanc . Comment en serait-il autrement si l un des deux partenaires a r ussi – f t-ce provisoirement et fragilement – r duire son inflation presque z ro, au prix certes d une forte sur valuation de sa monnaie qui an antit sa comp titivit , alors que l autre, le Br sil, combine une inflation mensuelle de l ordre de 35 40% avec un dynamisme exportateur toujours aussi puissant ? +. Le Br sil a en effet travers une longue p riode de forte instabilit macro- conomique et politique. Cependant, le Plan real ( du nom de la nouvelle monnaie br silienne ) mis en place en juillet 1994 a permis une r duction importante du taux d inflation, tomb subitement d un taux mensuel moyen sup rieur 40% moins de 3% au dernier trimestre 1994 + ce qui a permis le rapprochement des politiques macro- conomiques des partenaires du Mercosur.
Mais un autre l ment important peut jouer contre le processus d approfondissement de l int gration. Il s agit du facteur politique. En effet, du fait de la structure des institutions du Mercosur, ce dernier se trouve tre d pendant vis- -vis des gouvernements, d pendance qui fait craindre que des int r ts politiques, lectoraux ou purement nationaux, ne prennent le pas sur les n cessaires contraintes de toute dification communautaire +. D o* la n cessit d un projet politique clairement d finit.
C est dans cet objectif que, suivant en cela l exp rience de europ enne, l int gration conomique du c ne sud doit s effectuer dans le cadre des normes de la d mocratie repr sentative. Ainsi, le Paraguay n a pu acc der aux n gociations qu apr s avoir souscrit aux r gles minimales de l ordre institutionnel. Plus tard, apr s la tentative de pronunciamiento du g n ral Oviedo Asunci n, le 22 avril 1996, le Mercosur s est dot d une clause d mocratique pr voyant la suspension d un membre dont le gouvernement attenterait l +tat de droit +. Cet l ment est nouveau dans le contexte latino-am ricain. C est dans cette optique que les principales centrales syndicales des quatre pays signataires se sont r unies en septembre 1991 pour r clamer un meilleur traitement des questions sociales et de travail ainsi que le respect des normes d mocratiques : the Fourth National CUT congress in september 1991 approved a resolution on its Mercosur position that demanded political democracy, guarantees of fundamental rights, participation in organs of deliberation and consultation, and participation in the development of social and labor policies + .Elles ont obtenu gain de cause et c est ainsi qu au premier paragraphe du Trait d Asunci n il est mentionn que l largissement des march s nationaux actuels, gr ce l int gration, est une condition essentielle de l acc l ration de leur d veloppement conomique dans la justice sociale +. L objectif est donc bien d acc l rer le d veloppement conomique, non pas par n importe quel moyen, mais dans une d marche prenant en compte la justice sociale dans les soci t s des tats membres. Cette vision nous para t tr s positive dans le sens qu elle jetterait les bases d une v ritable d mocratie sociale. Aux gouvernements de joindre la parole aux actes.
On constate donc bien que les aspects commerciaux ne sont pas les seuls conditionner l volution du processus d int gration. Cependant, afin de relever le d fi de cette construction, les pays de la sous-r gion doivent encore accomplir plusieurs t ches. Parmi elles, les tats devront progresser dans le processus de r forme de l tat d j bien en marche et devront s atteler adapter les structures administratives, institutionnelles et organisationnelles la r alit sociale dans le but d obtenir une plus grande efficacit des politiques publiques et des politiques d int gration. De plus, l analyse du fonctionnement du Mercosur nous a d montr que ses difficult s principales sont li es la politique conomique et la stabilit mon taire. N anmoins, une forte dynamique entre les responsables politiques et les agents conomiques a t instaur e ce qui semble faire rentrer le Mercosur dans sa p riode de maturit et faire de lui un bloc commercial important, offrant des perspectives prometteuses pour la sous-r gion +.
De plus, il ne faut pas oublier que le grand m rite de cette int gration aura t de transformer les relations entre le Br sil et l Argentine ( situation que l on pourrait comparer aux relations franco-allemandes dans le cadre de la construction europ enne ). D sormais le Br sil et l Argentine ne s affrontent plus sur le probl me de la limitation des fronti res ou sur la d limitation des zones d influence mais bien sur le niveau des tarifs douaniers, les d s quilibres de la balance commerciale…Bref, les conflits entre ces deux grandes nations ont chang de nature ce qui constitue un progr s lorsque l on consid re qu il y a peu de temps encore ces deux tats taient engag s dans une course aux armements qui aurait pu conduire une confrontation sanglante.
Un dernier point qui est int ressant observer et qui constitue un cas d cole dans l histoire des relations internationales est l accord-cadre sign entre le Mercosur et l Union europ enne en d cembre 1995. Serait ce la r ponse des pays du Mercosur au projet am ricain de constitution d un march commun s tendant de l Alaska la Terre de Feu nonc dans l Initiative pour les Am riques + lanc e par M.Georges Bush en 1990 ?.
Plan
I/ Le Mercosur : accord de coop ration conomique.
A/ Les ant c dents du Mercosur : le rapprochement argentino-br silien (1985-1990).
B/ Le trait d Asunci n du 26 mars 1991.
C/ La mise en place du march commun : une vision essentiellement commerciale.
D/ L administration de la p riode transitoire :cadre institutionnel.
II/ Le fonctionnement du Mercosur.
A/ Les avanc es
B/ Les lacunes du March commun.
C/ Un objectif politique : la consolidation de la d mocratie.
Bibliographie.
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6/ KOURLIANDSKY, Jean-Jacques, L Am rique latine l heure des march s communs : le Mercosur +, Relations internationales et strat giques, printemps 1992.
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