Le succès de cette pièce est du aussi à la beauté, avec laquelle Cyrano chante l’amour. Et justement de nos jours l’amour chez Rostand est un coin de paradis, où on a le droit seulement de jeter un coup d’oeil pour admirer toute sa splendeur et son charme et pour ensuite retomber dans la réalité qui est parfois sale et laide. C’est pour ça que j’ai du mal parfois de se détacher des vers de Rostand.
On peut parler beaucoup de Cyrano, le critiquer, analyser ses gestes, mais ça ne servirait à rien. La plus utile des choses est de relire l’oeuvre de Rostand. Edmond a créé dans un sens ce que je n’hésiterais pas à appeler “la vraie poésie”.
LE BRET
Si tu laissais un peu ton ame de mousquetaire,
La fortune et la gloire…
CYRANO
Et que faudrait-il faire?
Chercher un protecteur puissant, prendre un patron,
Et comme un lierre obscure qui circonvient un tronc
Et s’en fait un tuteur en lui léchant l’écorce,
Grimper par ruse au lieu de s’élever par force?
Non, merci! Dédier, comme tous ils le font,
Des vers aux financiers? Se changer en bouffon
Dans l’espoir vil de voir, aux lèvres d’un ministre,
Naitre un sourire, enfin, qui ne soit pas sinistre?
Non, merci… Ne découvrir du talent qu’aux mazettes?
Etre terrorisé par de vagues gazettes,
Et se dire sans cesse:“Oh! Pourvu que je sois
Dans les petits papiers du Mercure François?”…
Non, merci! Calculer, avoir peur, etre bleme,
Aimer mieux faire une visite qu’un poème,
Rédiger des placets, se faire présenter?
Non, merci! non, merci! non, merci! Mais… chanter,
Rever, rire, passer, etre seul, etre libre,
Avoir l’oeil qui regarde bien, la voix qui vibre,
Mettre, quand il vous plait, son feutre de travers,
Pour un OUI, pour un NON, se battre, ou – faire un vers!
Les dernières pièces de Rostand.
Plus tard Edmond Rostand a créé d’autres pièces, mais malgré sa maitrise de la langue, des beaux rimes elles n’ont pas eu le meme succès qu’a connu “Cyrano De Bergerac”. Romain Rolland écrivait:“La gloire est la fortune l’ont éloigné de la vie. Il ne l’écoute et ne la voit plus.” Dans “L’Aiglon” Rostand idéalise le fils peu connu de Napoléon, qui couronné en 1815 n’a jamais dirigé le pays, Edmond, au-contraire lui donne les traits d’un empereur idéal. Dans “Chantecler”, plus que dans d’autres pièces, on aperçoit le talent satirique de Rostand. La première de “Chantecler” a eu lieu en février 1910, mais malgré la fantaisie du décorateur, le talent du metteur-en-scène, la pièce n’a pas eu un tel succès que les précédentes oeuvres d’Edmond.
Les derniers jours du poète.
Le 1 décemdre 1918 Rostand a pris froid, la fièvre grimpe et s’installe à 39°. La grippe espagnole s’empare de lui. Son état de santé est très inquiétant, on le met au courant du danger, Edmond sourit et entre en coma. Le 3 décembre dans l’après-midi son coeur s’arreta de battre…
A son age les plus grands écrivains comme Voltaire, Goethe, Tolstoi n’ont pas encore accompli la moitié de leurs taches, seul Dieu sait, quelles oeuvres extraordinaires aurait pues nous laisser Rostand, si le Ciel lui avait accordé plus de temps.
Bibliographie :
- “Cyrano De Bergerac”, Edmond Rostand; © Fasquelle Editeurs, 1930.
- “Edmond Rostand”, Emile Ripert; © Librairie Hachette, 1968.
- “Rostand”, Edmond Rostand; © ISKUSSTVO, 1958.
- “Aiglon”, Edmond Rostand; © Aubin, 1973.