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Межкультурные коммуникации. Proverbes (стр. 2 из 3)

- L'éveil des nationalités et le romantisme vont remettre à la mode les contes et les proverbes. Sont effectués en France les premiers recensements systématiques. Ex. : celui de La Mésangère (1827) et le Livre des proverbes français d'Antoine Leroux de Lincy (1840). La recherche philologique allemande suit à partir de 1859. Edmund Stengel, Adolf Tobler.

- Cette vogue produit plusieurs oeuvres originales où la culture populaire semble régénérer l'art salonnier : Quitte pour la peur (1833) d'A. de Vigny et On ne badine pas avec l'amour (1834) et Comédies et proverbes (1840) d'A. de Musset.

2) Origines de la devise.

Les cris de guerre médiévaux permettant l'identification des combattants au visage caché par le heaume. Sentences accompagnant les emblèmes héraldiques. La mode des devises date des guerres d'Italie : imitant la noblesse, écrivains et imprimeurs signèrent leurs oeuvres de formules plus ou moins emblématiques ou anagrammatiques, de Clément Marot ("La mort n'y mord") à Maurice Scève ("Non si non là"). Tourné en dérision par du Bellay (Défense et Illustration de la langue française, II, 11), l'usage de la devise disparut après 1565.

3) Origines de la maxime.

- Chez les latins : phrase dans laquelle on dit beaucoup de choses en peu de mots. Idéal chez les Romains : la concision. Substantifs plus que verbes. Art de la concision. Économie de roches sur lesquelles on écrivait. Les écrivains en créaient. De l'écriture au proverbe.

- Pour Quintilien, la brevitas s'oppose à la copia, elle se signale par la densité d'une forme qui dit beaucoup en peu de mots. Ce souci de concision, lié à l'exigence de la clarté demeurera à toutes les époques la vertu classique par excellence.

- Au Moyen Age, la doctrine des Pères de l'Église est compilée sous forme de sentences par Anselme de Laon, Pierre Lombard, Robert de Melun, etc. La sentence est d'essence théologique mais elle garde son caractère de proposition personnelle. Le plus célèbres des sententiaires est Pierre Lombard. Il a laissé un recueil de textes des Pères dogmatiques, dans lequel sont rassemblés des sentences sur des problèmes très variés.

- Cette mode continue au XVe siècle, mais en français et sous forme de quatrains moraux, avec Gui de Faur de Pibrac, Antoine Faure, Pierre Matthieu. Ronsard formule de nombreuses maximes dans son poème Sur l'adolescence du roi très-chrétien.

- La mode des maximes fait fureur dans le monde des précieuses. La maxime correspond au goût si vif du temps pour tout ce qui touche à l'analyse psychologique.

- La maxime en tant que genre spécifique contribuant à renouveler l'analyse morale et psychologique n'est véritablement apparue que dans l'entourage de Mme de Sablé, Jacques Esprit, La Rochefoucauld. La tradition est reprise au XVIIIe siècle par Chamfort, Voltaire et Diderot.

Postérité.

- Les poèmes gnomiques, qui mettent en vers des maximes.

- L'esthétique du fragment. Frédéric Schlegel. Les textes de l'Athenaeum.

- Les clichés sont poursuivis depuis le romantisme. La formule clichée n'a de valeur que comme moyen trop facile de communion avec l'auditoire. Les beaux esprits ne veulent pas vivre de recettes. A la condamnation d'expressions jugées triviales et populaires s'ajoute le refus d'une "sagesse" perpétuant sa loi sous forme d'une mise en fiche proverbiale du comportement de l'individu. Le déclin du proverbe s'est accompagné d'un renoncement progressif à la métaphore. Les proverbes attestés plus récemment dans les recueils s'éloignent du domaine concret pour évoquer plus littéralement et sur un mode abstrait le monde moral et affectif. Beaucoup d'énoncés abstraits et moralisateurs sont attestés dès les premiers manuscrits ("L'homme propose et Dieu dispose", "Qui aime bien châtie bien"), mais ce qui a été perdu avec le temps, ou parfois avec la modernisation syntaxique, c'est la force de la formule, sa frappe (prosodie, rime, etc.), comme si elle jouait le même rôle que la métaphore dans les autres énoncés : celui d'une griffe authentifiant le proverbe. L'appauvrissement du fonds proverbial français va de pair avec la perte d'une exigence rhétorique, comme si désormais plus rien du savoir humain ne pouvait se mettre en images ou en formules.

- Le peuple continue à créer des proverbes, qui affleurent et se répandent en période de crise, lorsqu'un groupe social ou une nation opprimée se trouvent obligés d'affirmer leur identité et leur force. Ex. : ceux qui sont apparus sur les murs de Nanterre en mai 1968 : "Métro, boulot, dodo" et "Sous les pavés la plage".

- Les slogans, les mots d'ordre, constituent des maximes élaborées pour les besoins d'une action particulière. Ils doivent s'imposer par leur rythme, leur forme concise et facile à retenir, mais ils sont adaptés aux circonstances, doivent toujours être renouvelés et ne participent pas encore au large accord traditionnel dont jouit le proverbe. Leur rôle est celui d'imposer, par leur forme, certaines idées à notre attention. Les slogans publicitaires ("Un verre ça va, trois verres, bonjour les dégâts").

- Les substitutions dans les proverbes pratiquées par les surréalistes (Breton et Éluard). Ex. : Il faut battre sa mère pendant qu'elle est jeune. Travail de dérision de la signification, de Rrose Sélavy de Desnos aux Mots sans mémoire de Leiris.

- Les métaproverbes. Le détournement systématique d'expressions proverbiales et de proverbes, à la fois sur le plan phonétique et sémantique. Les métaproverbes ironisent sur les slogans publicitaires et sur les principes de notre société. Ex. : "On a souvent besoin d'un plus petit que soi, pour lui casser la gueule" (Pierre Péret) ou les Proverbes d'aujourd'hui, de Guy Béart.

- Le wellérisme. Sam Weller, le héros de Charles Dickens dans Monsieur Pickwick cite des chapelets de phrases sentencieuses. Sam Weller a donné son nom aux wellérismes. Déjà attesté au IIIe siècle avant notre ère, le wellérisme est la contestation parodique de la parémie, dont il tourne en ridicule l'argument d'autorité. Il comporte trois séquences : le premier segment est soit une parémie soit une pseudo-parémie; le deuxième, introduit par la formule "comme disait un tel", attribue la citation à un "héros", un personnage historique ou légendaire, et le circonstant apporte la touche comique.

- Le genre est redécouvert au cinéma. Ex. : Éric Rohmer qui, entre 1981 et 1988, regroupe un ensemble de six films sous le titre général Comédies et proverbes.


Un peu de psychologie

Dans ce paragraphe je voudrais présenter le point de vue d’un psychologue canadien m. Georges-Henri Arenstein.

Il arrive souvent que certaines personnes, ne sachant plus quoi dire dans une conversation, citent un proverbe passe-partout pour meubler un silence.

Ce recours à une phrase toute faite, extraite de la sagesse populaire, frappe par son caractère absolu. Et son caractère absolu semble surgir du simple fait que la phrase est connue de tous. Donc, croit-on, elle doit être vraie.

Si le recours aux proverbes a un petit quelque chose de rassurant, je ne peux m'empêcher de penser qu'il s'agit d'un mécanisme de défense qui empêche le vrai contact et qui empêche les ajustements créateurs. En effet, lorsque la phrase est dite, le silence cesse d'être gênant. La personne est mieux assise sur sa nouvelle certitude. Elle semble protégée maintenant par la sagesse des nations !

Est-il besoin de dénoncer le fait que le recours aux proverbes est un dérivatif stérile qui n'apporte aucune paix durable ni aucun changement significatif. Qui plus est, la phrase est souvent fausse ou alors comprise dans un sens unilatéral, celui qui favorise son usager. Voici quelques exemples entendus dans ma pratique.

Le temps arrange bien les choses. Faux. Le temps n'est pas un personnage enchanteur qui répare quoi que ce soit. Qu'une situation de vie soit agréable ou désagréable, ce n'est pas le temps qui modifie quoi que ce soit. Ce sont les gens qui le font. Ils peuvent le faire avec l'aide du temps (rapidement ou lentement), mais le temps, lui, ne fait rien d'autre que passer.

Tu récoltes ce que tu sèmes. Faux. Ce n'est pas automatique ! Il va pousser ce que tu sиmes, ça c'est certain ! Quant а récolter, encore faut-il le vouloir. Dans la vie comme dans un champ, il ne suffit pas de semer des bonnes choses pour récolter des bonnes choses ! Et les mauvaises herbes ? Et les cailloux ? Et les insectes ? Discriminer le nourrissant du toxique est une tâche quotidienne.

Il faut aller dans son champ et cueillir ce qu'il y a а cueillir ! Ceci demande des efforts et de l'initiative et aucune récolte ne s'est jamais faite automatiquement.

Une de perdue, dix de retrouvées, dit-on au jeune homme qui a perdu sa compagne. Faux. Cette phrase a pour fonction d'apaiser la détresse d'un amoureux qui vient de se faire plaquer.

Mais croyez-vous vraiment que cette phrase va lui faire du bien ? Et que ferait-il, de toutes façons, avec dix femmes а ses cotés ?

Je recommande plutôt un accueil bienveillant : "Oui, une de perdue, c'est trиs dur. Je suis avec toi !"

Jamais deux sans trois. Faux. Superstition absurde basée sur des statistiques inexistantes. Deux ? Trois ? Quatre ? Les évènements n'ont pas l'habitude de consulter les statistiques avant d'arriver. Ils arrivent, un point c'est tout.

Je recommande plutôt la reconnaissance de la réalité : "Deux fois ? Ah non ! Quelle malchance !"

On apprend de nos malheurs. Faux. Les malheurs comme les bonheurs sont des occasions d'apprendre. Encore faut-il les saisir et se mettre en marche.

"On apprend de nos malheurs" est une généralisation dangereuse : elle implique que je ne peux apprendre que de mes malheurs. Résultat : l'inconscient se met а saboter nos actions pour déclencher un ou plusieurs malheurs afin de pouvoir, enfin, apprendre ! Ces malheurs sont d'ailleurs anticipés par des scénarios de catastrophes comme : "Un malheur n'arrive jamais seul".

Un malheur n'arrive jamais seul. Ah non ? Ce serait le malheur qui déciderait de lui-même de se faire accompagner par un autre malheur…. pour se sentir moins seul, sans doute ?

C'est encore une de ces phrases qui déresponsabilise la personne qui parle. Entendez-vous la plainte de la victime impuissante qui se cache derrière cette phrase ? Dans une de ses chansons, Angèle Arnault affirme : "Paniquez pas pour rien : le pire s'en vient !"

On peut trouver d'autres phrases ou proverbes contraires à l'équilibre psychologique, à la logique humaine, ou à la responsabilisation de la personne !


Proverbe – forme brève

Le proverbe se donne, dans sa formulation brève, elliptique et imaginée, comme une vérité d’expérience, comme un conseil de sagesse pratique commun à tout un ensemble social. Ses principales caractéristiques en sont d’une part son origine orale et collective : en effet, son origine en est ignorée ou repoussée dans un temps archaïque quasi immémorial et il est transmis de « bouche en oreille », comme une rumeur, mais une rumeur qui se serait fixée et qui serait vraie. Cette origine intemporelle est également (la plupart du temps et sauf exception) anonyme : l’énonciateur en est indéterminé. Cette impersonnalité propre à une sagesse collective se caractérise d’autre part par la fixité de sa structure, un style propre, reconnaissable, qui lui assure immédiatement son statut de savoir catégorique et invariant. Cette sagesse proverbiale semble être une garantie contre le temps et une référence stable et immuable par-delà les singularités et les subjectivités. « Le proverbe est une sorte de court poème, souvent rimé, toujours rythmé d’une certaine manière, de façon que la mémoire machinale ne le déforme pas aisément. Ainsi il se fait notre importun compagnon. L’agitation même de notre esprit fait surnager le proverbe ; nos folles pensées ne peuvent l’entamer » (Alain, Les passions et la sagesse).

Frédéric Seiler, dans son étude célèbre sur le proverbe, définit celui-ci comme « une locution ayant cours dans le langage populaire, refermée sur elle-même, ayant une tendance au didactisme et une forme relevée ». A. Jolles s’attache à la critique de cette notion de caractère populaire, qui est évidemment assez embarrassante en raison de son imprécision même. Herder et l’idéologie romantique n’ont pas manqué de rapprocher le proverbe de la poésie populaire, du conte populaire et de toutes ces productions issues des profondeurs mystérieuses de l’esprit d’un peuple (Volksgeist). « En tant que totalité le « peuple » ne crée rien. Toute création, toute invention, toute découverte procède toujours d’une personnalité individuelle. Il faut nécessairement que tout proverbe ait été énoncé un jour et quelque part. Après qu’il eut plu à ceux qui l’entendirent ils le propagèrent comme locution proverbiale et on l’a probablement retaillé ensuite et retouché jusqu’à ce qu’il ait une forme pratique pour tout le monde et soit devenu ainsi un proverbe universellement connu » (Seiler).

Ce débat sur l’origine et la nature du proverbe ne peut cependant occulter plusieurs faits. D’une part cette forme locutoire a été privilégiée, pour des raisons que nous préciserons, de tous temps, et dans toutes les civilisations et cultures orales. Il faut distinguer ensuite la création de la locution, et le moment de son acception comme tournure proverbiale. Des citations d’œuvres littéraires sont devenus en assez grand nombre des proverbes (ainsi certains fables de La Fontaine). Or ce qui caractérise cette transformation et ce changement de statut de la locution est le fait que celle-ci prend en quelque sorte une valeur universelle, détachée du contexte littéraire dans lequel elle a été créée, ce qui permet d’oublier sans grande conséquence le nom de son inventeur. L’acception comme proverbe d’une locution correspond à un changement du niveau d’appréhension et implique que la locution soit devenue et ait été reconnue bien commun à tout un groupe social. La notion de « populaire » est beaucoup trop large ; il convient de préciser le groupe social de référence, car il existe des catégories de proverbes propres à des métiers, des catégories sociales particulières. Le proverbe vaut comme résumé d’une expérience ayant valeur de généralité, et exprime avec couleur, image, vivacité et rythme une sagesse issue d’un ensemble social. La fixité de la structure, l’impersonnalité de l’énonciateur font de l’expression proverbiale une assertion catégorique non critique.

Les proverbes constituent la partie intégrante de toutes les langues. Quoique, de nos jours, ils aient perdu leur activité historique d’autrefois et la fréquence d’emploi, ils restent toujours dans la langue un moyen d’expression important.