Ministère de l’Enseignement public de l’Ukraine
Université nationale pédagogique
Institut de philologie étrangère
Département d’allemand et de français
Mémoire de cours:
Les moyens linguo-stylistiques de l’étude du texte
Mémoire de cours de l’étudiante:
Konachaivitch Olga Igorivna
Directeur scientifique
Maître de conférences
Vinichouk L.S.
Kyiv
2005
Table des matières
1. Introduction
2. Liens de la linguistique textuelle avec d’autres sciences
3. Objet de la linguistique textuelle
4. Limites de l’analyse linguistique du sens
5. Notion de texte dans la linguistique textuelle
6. Texte littéraire
7. Problème définitoire du texte
8. Règles du discours
9. Liens de la linguistique textuelle avec la stylistique
10. Texte en cadres de la stylistique
11. Notion de style
12. Langue et style
13. Analyse linguistique du récit
14. Conclusions
15. Ouvrages étudiés
INTRODUCTION
La linguistique, étude scientifique du langage humain, a, depuis vingt ans, été la bonne fée des sciences humaines. Il n’est pas de porte qu’elle n’ait paru devoir ouvrir miraculeusement. Elle a prêté son vocabulaire à la sociologie, à la psychanalyse, à l’histoire, à l’analyse des mythes. Elle a même débordé sur la biologie d’un côté, sur la critique littéraire et artistique de l’autre. Cet engouement s’explique, en partie, par le fait que la linguistique n’a pénétré en France qu’avec beaucoup de retard, à partir de 1950 environ. Cette prise de conscience tardive s’est traduite dans bien des cas par des exploitations abusives et souvent érronées de notions linguistiques mal comprises. Ignorée la veille, la linguistique est devenue un beau matin la potion magique – utilisée à tort et à travers en dehors de son champ propre.
La linguistique actuelle se laisse plus facilement définir : son objet est la langue, composante sociale du langage, qui s’impose à l’individu et s’oppose à la parole, manifestation volontaire et individuelle. La langue est un système de signes particuliers dont l’étude exclut tout point de vue normatif. D’où la constitution d’une terminologie nouvelle et rigoureuse. La langue parlée, oubliée pendant longtemps, devient l’objet de la recherche. Elle est envisagée, à un moment donné, comme une structure étalée, un système de valeurs dont les unités sont différentielles, oppositives, négatives.
La linguistique est généralement définie comme l’étude scientifique du langage. Mais cette discipline, qui part donc de l’étude du langage, en arrive surtout à s’en occuper des langues. L.Hjelmslev remarque qu’elle a comme objet spécifique la langue, ainsi comme objet étudié le langage. A.Martinet constate, de son côté, que la linguistique étudie principalement la langue et, marginalement, le langage, instrument de communication par manifestation vocale. En fait, deux conceptions de la linguistique coexistent :
1. La linguistique comme description des langues: elle s’appuie sur l’observation objective du comportement linguistique des sujets parlants; elle décrit tout ce qui caractérise en propre une langue reconnue comme telle, considérant que l’étude d’un état de langue peut avoir valeur explicative, et pas seulement descriptive. Se proposant comme idéal les méthodes des sciences de la nature et l’objectivite du physicien, elle considère une langue comme un système de signes linguistiques.
2. La linguistique comme étude du fonctionnement du langage : elle s’appuie sur une conception unitaire du langage humain, considérant que les langues particulières ne sont que des cas particuliers du langage. Les langues diffèrent les unes des autres, non dans leurs structures profondes, mais du fait de variations tout à fait superficielles; une analyse approfondie ferait apparaître des universaux linguistiques qui témoignent d’une faculté naturelle du langage. Il y aurait ainsi un répertoire universel d’éléments sémantiques ou phonétiques dans lequel chaque langue choisirait les éléments de base de sa combinatoire. A la notion de langue comme système de signes est substituée la notion de langue comme système de règles.
Les signes ne se définissent que par opposition. L’ensemble de ces oppositions constitue dans chaque langue un système, ou plutôt un système de systèmes : système phonologique, système syntaxique, système lexical.
La linguistique comme une science très développée a plusieurs branches. Dans ce travail nous allons nous arrêter sur la linguistique textuelle ou bien l’analyse de textes et nous allons essayer d’éclaircir toutes ses particularités, et ainsi que ses liens avec d’autres sciences.
1.Liens de la linguistique textuelle avec d’autres sciences
Les liens de la linguistique textuelle avec d’autres sciences sont évidents. Elle est liée avec lexicologie, sémasiologie et, bien sûr, avec le texte lui-même, car c’est à travers le texte qu’on découvre toutes les facultés du mot et qu’on réalise les acceptions figurées (secondaires) du langage. Les acceptions figurées sont opposées aux acceptions propres. Plusieurs linguistes ont de différents avis sur ce phénomène, mais sa nature reste la même : à l’aide d’un certain nombre de signes verbaux la langue peut décrire tous les objets qui nous entourent. Cela se passe grâce à l’assimétrie du signe de la langue : le même signe peut désigner différents objets et phénomènes. Autrement dit, on peut l’utiliser au sens propre ou bien au sens figuré (ce dernier n’apparaît que dans le texte et n’est pas fixé dans le dictionnaire).
La linguistique textuelle a aussi des liens avec la linguostylistique qui a pour but de décrire tous les types des textes. La construction de la typologie au niveau du texte est en même temps une des branches de la linguistique textuelle. Donc les domaines des recherches de ces deux sciences sont étroitement liés. Linguostylistique étudie aussi les moyens expressifs du langage, et notamment les recherches du potentiel expressif des unités de la langue des différents niveaux et leur réalisation dans le texte. Les dernières années linguostylistique a deux directions fondamentales :
1. la description systématique des éléments stylistiquement marqués;
2. l’étude de leur fonctionnement.
Cela signifie l’action réciproque entre la paradigmatique stylistique et la syntagmatique stylistique. Une vraie description systématique des éléments de la langue est obligatoirement liée avec l’étude de leurs caractéristiques. Au rapprochement de la stylistique et de la linguistique du texte contribue une tendance à étudier les relations des unités de la langue dans le texte suivi.
La linguistique textuelle est liée à la syntaxe. L’étude du texte devient possible s’il existe des unités qui se caractérisent par des facultés particulières de leurs éléments. Cela détermine les relations entre la linguistique du texte et la syntaxe car le démembrement actuel, la mise en relief du thème n’est possible que dans les cadres du texte.
La linguistique textuelle se diffère d’autres disciplines linguistiques. Cela concerne notamment la méthode des recherches : linguistique du texte se caractérise par explication des phénomènes linguistiques non seulement à l’aide d’eux-mêmes, mais aussi grâce aux facteurs extra-linguistiques : la perception du texte et l’objectif communicatif.
2. Objet de la linguistique textuelle
La linguistique du texte s’occupe de systématisation des faits sur la diversité du fonctionnement des unités de la langue dans le texte.
Le devenir de la linguistique textuelle en qualité de la branche particulière de la philologie reflète tout le développement de la linguistique moderne. C’est le texte qui est une unité primaire sur laquelle se fondent toutes les disciplines linguistiques. Cette pensée, prononcée par M. Bachtine, est devenue la base pour la linguistique textuelle. Le célèbre linguiste allemand Z.Chmidt écrivait que le texte est une unité primaire, une catégorie de base. On peut trouver chez plusieurs linguistes les idées semblables à celles de Z.Chmidt et de M.Bachtine. L’unité de base d’une langue ce n’est pas le mot ou bien la proposition. C’est le texte qui est une unité supérieure et indépendante de la langue.
A présent la linguistique textuelle attire une attention particulière des linguistes. Les dernières décennies sont marquées par le vaste développement de cette science. Beaucoup d’articles, de monographies, de manuels sont consacrés à la linguistique textuelle. Le linguiste allemand P. Chartmann qui travaillait longtemps dans le domaine de la théorie du texte, écrivait dans un de ses ouvrages qu’à présent il existe une linguistique qui est orientée vers l’étude du texte. Cette linguistique présente les dernières recherches les plus fécondes dans ce domaine. Elle élargit le diapason des intérêts en linguistique et ouvre le chemin pour toutes les autres idées linguistiques.
Sous le nom d’analyse de textes se trouvent liées deux recherches associées mais distinctes. Il s’agit d’une part de décrire l’ensemble des structures linguistiques plus grandes que les structures traditionnellement analysées dans le cadre de la phrase. Même en ne considérant que les unités grammaticales, il apparaît en effet de plus en plus nettement qu’on ne peut se limiter au cadre de la seule phrase. Encore plus évidemment l’étude du sémantisme lexical suppose qu’on ne se contente pas d’une méthode distributionnelle où l’on rapproche tout les contextes d’une unité, mais que l’on tienne compte du déroulement du récit, de l’argumentation : un texte ne fonctionnera pas de la même façon si c’est au début ou à la fin qu’on indique en quel sens particulier un terme est pris.
Mais d’autre part considérer un texte comme texte, c’est chercher à le replacer dans l’ensemble du circuit de la communication, à repondre aux questions : qui s’adresse à qui? en utilisant quel code? en renvoyant à quelle réalité, connue ou non autrement que par le discours, en taisant au contraire tel ou tel aspect de la réalité? Comme chacun le constate, le sens d'un roman, d’un poème ou d’un discours politique est tout autant dans ce qu’il tait que dans ce qu’il dit.
L’intérêt vers l’étude du texte est conditionné par tendance d’expliquer une langue comme un phénomène global du point de vue de la linguistique moderne, comme un moyen de communication, d’étudier plus profondément les liens de la langue avec différentes côtés de l’activité humaine qui se réalise à travers le texte. On peut aussi expliquer cet intérêt par tendance d’étudier les régularités de la langue qui ne se découvrent que dans le texte. Avec cela l'objet d'étude est une des fonctions fondamentales de la langue – la création du texte. La linguistique textuelle est une science qui étudie la nature et l’organisation des conditions de la communication.
L’idée d’étudier le texte suivi a paru pour contrebalancer “atomisme” et d’autres méthodes des recherches qui étaient proposées par les écoles structuralistes. La linguistique structurale ne satisfaisait plus car il y avait plusieurs phénomènes qu’elle ne pouvait pas expliquer. Le structuralisme se caractérise par le démembrement du langage en unités terminées et leur classification. Donc aucune de ces écoles n’a pu proposer une théorie de la langue qui pourrait satisfaire. On peut unir toutes ces écoles comme “antimentalistiques”.
On peut mettre en relief quelques directions du développement de la linguistique du texte :
1. l’étude du texte comme système supérieur;
2. la construction de la typologie des textes selon les paramètres communicatifs et les marques linguistiques;
3. l’étude des unités composant le texte;
4. la mise en relief des catégories du texte;
5. l’étude des liens et des relations entre les phrases.
Le linguiste allemand P. Chartmann parle de trois autres branches :
- linguistique générale du texte;
- linguistique d’un texte concret;
- linguistique de la typologie des textes.
La linguistique textuelle étudie différents aspects du texte:
aspect ontologique – le caractère de l’existence du texte, ses particularités par rapport à la langue parlée,
aspect gnocéologique – le caractère de la refléxion dans le texte de l’actualité objective,
aspect linguistique – le caractère de la présentation linguale du texte,
aspect psychologique – le caractère de la perception du texte,
aspect pragmatique – le caractère du rapport de l’auteur du texte à l’actualité objective.
Nous allons analyser chacun de ces aspects:
- Le texte c’est une unité compliquée qui se diffère d’une simple succession de phrases. Cette unité se caractérise par integrité communicative, achèvement sémantique, par rapports logiques et grammatiques. L’un des problèmes qui apparaissent dans l’étude du texte est de déterminer ses particularités et d’établir la différence entre le texte et la proposition. Les linguistes sont aussi préoccupés par les recherches des critères sémantiques et syntaxiques de l’unité du texte, l’unité de sa structure intérieure.
- La construction de la typologie des textes présente beaucoup de difficultés à cause d’un grand nombre de variations de l’objet, c’est-à-dire du texte. Mais quand même on peut déjà parler de grands résultats dans ce domaine. Il existe les descriptions des particularités communicatives, structurales et sémantiques des textes d’un conte, d’une ballade, d’un mythe, d’un roman policier et d’un article.
On connaît d’autres critères de la construction de la typologie des textes. Parmi eux on peut citer les suivants: le premier est fondé sur l’analyse des manières des rapports des éléments qui entrent dans le texte; le deuxième est fondé sur l’étude de l’objectif communicatif et sur les particularités sémantiques du texte. La typologie créée selon deuxième critère se construit autour du modèle d’un acte du langage, proposé par le fondateur du structuralisme R.Jackobson. On fait de différentes oppositions selon les éléments de l’acte communicatif sur lesquels s’oriente le texte.
Par exemple, s’il s’oriente sur l’expéditeur du message – on distingue des textes collectifs (prose scientifique, langage d’affaire) et individuels (oeuvres d’art).
En analysant les structures du texte on fait d’autres oppositions:
des textes complets et non complets;
des textes marqués et non marqués.