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Курс французского языка 4 том Г. Може; (стр. 16 из 81)

PIERRE DANINOS. Les Carnets du major Thompson (1954).

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Примечания:

1. Старый вояка, служака (разг.) Насмешливое прозвище старых генералов.
2. На военном жаргоне: смекалка, умение выпутаться из затруднительного положения
(от debrouiellez-vous). 3. Смеяться, насмешничать. 4. Неприятности, затруднения.
5. Жаргонное выражение, означающее "которых не проведешь". Француз любит воз-
мущаться, отстаивать свои права. 6. Твердый плотный песчаник, идущий на мельнич-
ные жернова и на строительсгво домов; также каменоломня, в которой добывается
это! камень 7. Будет варить, тушить на медленном огне. 8. Карточная игра, популяр-
ная во Франции.

Вопросы:

* En quoi consiste l'humour un peu particulier de ce texte? Rapprocher la dernière
phrase de certain passage du texte: "Blessés en 14 —18" )

FONDS CELTIQUE ET FONDS LATIN

Les Français ne sont pas, comme ils l'affirment parfais inconsidérément, une
race Satine, mais une civilisation, où le fonds latin tient une place essentielle.
ANDRÉ SIEGFRIED a marqué le double apport des Celtes et des Latins dans la
formation du génie français.

L'esprit français révèle immédiatement, quand on le considère, deux
tendances contradictoires, l'une rejoignant Sancho1 et l'autre Don
Quichotte.

Il y a d'abord une tendance pratique et même terre à terre, qui s'exprime
surtout dans le tempérament et le comportement traditionnel du paysan.
L'origine en est, je crois, principalement celtique, car le Celte, même
erratique2, poète ou fantaisiste, est attaché à lafamille, au sol, à tout ce qui
l'enracine dans son milieu. C'est par là que nous nous distinguons
essentiellement des Anglo-Saxons et des Nordiques et c'est dans la vie
privée que ces traits se développent avec le plus de force, car dans la vie
publique il semble qu'il s'agisse d'un autre homme. De ce point de vue,
comme chef de famille, comme membre de cette famille ou comme
individu, le Français témoigne d'un sens étroit de l'intérêt matériel, d'un
goût presque passionné pour la propriété individuelle, au sens romain du
terme (uti et abuli2, oui c'est bien ainsi qu'il l'entend). Dans les affaires
privées, c'est un être de bon sens, possédant à un remarquable degré l'esprit
de mesure: on lui reprocherait presque de ne pas viser assez haut, de se

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contenter de trop peu, car «un tiens vaut mieux que deux tu l'auras, lui dit
le proverbe, et il le pense. Bref, dans l'existence de chaque jour, c'est un
réaliste, qui a le pied sur la terre et qui ne se paie pas de mots. Les affaires
des Français sont en général bien gérées, du moins quand guerres et
catastrophes ne fondent pas sur eux: leur mobilier est alors bien entretenu,
leur linge en bon état, ce n'est pas chez eux qu'on le raccommode avec des
épingles doubles! Ils n'aiment pas devoir de l'argent, leur budget est en
équilibre, et si les dépréciations monétaires rendent cette saine gestion
impossible, c'est avec une sincère nostalgie3 qu'ils regrettent le temps où
l'on pouvait, même au prix d'un sacrifice, joindre les deux bouts4,
conformément aux règles de sagesse financière qu'ils ont héritées de leurs
pères. Cette sagesse, cet esprit d'épargne, qui frappent l'étranger, sont
susceptibles du reste de devenir étroitesse, provincialisme et même, à un
certain degré, matérialisme. Dans un vieux pays comme le nôtre, où
l'argent est difficile à gagner, n'est-il pas naturel qu'on le défende avec plus
d'âpreté? L'Américain est plus généreux, mais, s'il perd sa fortune, il croit
du moins qu'il pourra, dans l'espace d'une même vie, la regagner. Nous
n'avons pas cette illusion.

Ce n'est là toutefois qu'un aspect de notre caractère, que contredit une
tendance, non moins évidente, vers l'universalisme, l'idéalisme et le
désintéressement.' Rassuré sur ses intérêts et limitant assez vite ses
ambitions à cet égard, le Français libère son esprit par une sorte de
débrayage6 entre l'action et la pensée. Il s'élève alors jusqu'au désintéres-
sement intellectuel, par un processus de dissociation dont seul, je crois, le
Chinois nous fournit dans le monde un autre exemple. Nous dépassons
l'étroitesse nationaliste ou ethnique, pour nous élever à une notion,
proprement humaniste, de l'homme, et c'est par là que notre capacité de
rayonnement, notre faculté de libérer les esprits, d'ouvrir les fenêtres
apparaissent vraiment incomparables. Ce trait, nous l'avons vu, est latin, et
nous le tenons sans doute de la latinité par le classicisme, qui est à la base
de toute notre éducation et vers lequel nous ramène toujours notre instinct
national le plus profond*.

ANDRÉ SIEGFRIED. L'Ame des Peuples (1950).
Примечания:

1. Слуга Дон Кихота Санчо Панса является воплощением трусоватого здравого
смысла, в то время как Дон Кихот символизирует романтический, безрассудный геро-
изм. 2. Непостоянный, склонный к скитаниям. В настоящее время это старинное слово

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слово используется только как геологический термин. 3. Пользоваться и использовать
(лат.).Формулировка прав владельца в римском праве. 4. Ностальгия, тоска по родине
или по прошлому. 5. Сводить концы с концами. 6. Термин автомобилистов: выключе-
ние сцепления. Означает также кратковременную забастовку.

Вопросы:

*Cette double origine du caractère français ne pourrait-ellepas expliquer quelques-unes
des contradictions mises en lumière dans le texte précédent?

L'HONNÊTE HOMME

Si La Rochefoucauld, Pascal, le chevalier de Mère surtout, se sont appliqués à
définir l'honnête homme, c'est qu'il représente un type achevé du Français du
XVII " siècle, qu'il est l'expression idéale de toute une société.

L'honnête homme a une belle taille, des membres forts et souples, des
gestes aisés, un maintien élégant. Il est apte à tous les exercices de guerre
ou de plaisir, bon cavalier, bon chasseur, adroit à la paume1 à la lutte et à la
nage, musicien et bon danseur, connaissant les jeux de hasard et les
pratiquant sans folie. Le plus grand plaisir de la société étant la
conversation, il connaît à la fois le prix des considérations sérieuses et des
bagatelles bien dites. Modeste en parlant de soi, franc à louer les autres, i!
n'a rien qui le rendrait fâcheux. Il n'est ni querelleur, ni grognon, ni
emporté, ni complimenteur, ni opiniâtre. Il fuit la raillerie médisante, la
bouffonnerie, les petites façons. Il ne joue pas au prédicateur en chambre.
Il ne tire pas l'attention sur lui, il sait écouter et profiter de ce qu'il entend:
il n'élève jamais le ton de la voix pour prendre avantage sur ceux qui ne
parlent pas si haut. Il aime la compagnie des femmes pour ce qu'elle
apporte d'agrément, de finesse, de galanterie subtile. Il est capable de
dessiner un paysage, de lever un plan, d'apprécier la beauté d'une statue,
d'un tableau ou d'une médaille. Il lit tout ce 'qu'il faut lire et sait tout ce
qu'il faut savoir, sans prétendre pourtant rivaliser avec les docteurs et les
savants. Pour lui, la véritable beauté de l'esprit consiste dans un
discernement juste et délicat, inséparable du bon sens. En parlant, il
cherche le mot juste, l'expression exacte, non le faux brillant. S'il écrit, il
ne s'applique pas seulement à plaire par la pureté du style, la vivacité du
tour et les grâces du langage, mais plus encore par la justesse des idées, la
force de la doctrine, l'abondance de la raison. Mais il est loin de toute

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solennité conventionnelle, de toute gravité cérémonieuse à l'espagnole2,
l'expression triviale ne l'effraie pas. Il fait en' public et sans se gêner
quantité de choses que la civilité de notre temps ordonne de faire en
cachette et sans en parler. Rien en lui d'affecté, d'hypocrite, de faux, de
fade, de gourmé :

Cette raison, à laquelle il accorde tant de confiance, n'est pas une simple
puissance d'abstraction et de déduction. C'est la conformité de l'esprit avec
le réel, la faculté dominatrice qui permet de voir clair en soi-même et de
prendre des choses une conscience entière. C'est en ce sens que Racine a
écrit4 que le caractère de Phèdre est ce qu'il a mis de plus raisonnable sur le
théâtre. Il veut dire: de plus vraisemblable, de plus fidèle à la vérité
psychologique, à l'observation du cœur humain. Au fond, l'honnête homme
est un homme qui sait vivre. Mais si le savoir-vivre, sous sa forme
élémentaire, est le talent de se bien comporter en société, savoir vivre est
un art infiniment plus relevé, puisqu'il consiste à mener, de parti pris, une
vie remplie, noble et difficile, avec la parfaite connaissance de ses forces et
le souci qu'elles soient bien employées. Certains disent, sans nuances, que
l'honnêteté est la quintessence, le comble et le couronnement de toutes les
vertus. D'autres unissent le mot à la prudence, à l'honneur, à la foi, à la
droiture, à l'intégrité, à la discrétion. Mère5, qui fut l'ami de Pascal, précise
d'une manière décisive que l'honnête homme se comporte d'une manière
agissante et commode, plutôt qu'en philosophe. En d'autres termes,
l'honnête homme est dans la vie. Il se distingue des autres par le jugement,
par la clairvoyance de l'esprit, par la sérénité du cœur, par la maîtrise de soi
dans la conduite. Capable d'éprouver des passions fortes, il n'a pas
d'inquiétude maladive, il n'est pas de ces désespérés qui vivent aujourd'hui
comme s'ils devaient mourir demain. Par ses lectures, il a acquis du
discernement, de la sagesse, mais plus encore par la pratique des choses et
par la connaissance des hommes, expérience directe, franche, aiguisée*.

PIERRE gaxotte. Histoire des Français (1951).
Примечания:

1. Старинная игра в мяч, предшественница тенниса. 2. Этикет играл весьма важ-
ную роль в отношениях в высшем испанском обществе. 3. Чопорного, надутого.
4. В предисловии к "Федре". 5. Мере, Жорж де (1610 - 1685) французский моралист,
теоретик "благовоспитанности".

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Вопросы:

* Cherchez dans le texte une ou deux expressions particulièrement heureuses qui
pourraient résumer ce portrait.

L'ESPRIT DE VOLTAIRE

Esprit de Voltaire, esprit voltalrien: deux expressions qu'il ne faut pas
confondre... mais qui peuvent s'associer, comme on le verra ci-dessous.
Qui ne sourirait devant l'hiftoire de Voltaire rencontrant au cours d'une
promenade le Saint Viatique et se découvrant avec respeft? Un ami s'étonne:

L'AMI. — Eh quoi! vous vous êtes donc réconcilié .avec Dieu?
VOLTAIRE. — Nous nous saluons, mais nous ne nous parlons pas!
On lui parlait du savant anatomifte Haller1. Il en fit un grand éloge:

VOLTAIRE. — Oh! M. Haller, grand savant, grand philosophe, grand
poète!

UN AMI. — C'est d'autant mieux à vous d'en dire du bien qu'il ne dit que
du mal de vous !

VOLTAIRE. — Après tout, nous nous trompons peut-être l'un et l'autre!

Après Nanine, qui avait été d'ailleurs un retentissant échec, l'abbé Pellegrin sl'
plaignait auprès de Voltaire:

PELLEGRIN. — J'ai retrouvé dans votre tragédie de nombreux vers pris
dans mes pièces! Je m'étonne qu'un homme si riche prenne le bien d'autrai!

VOLTAIRE. — Vous aurais-je volé sans le savoir? Je ne m'étonne plus de
la chute de ma pièce.

Лla première d'Œdipe2, qui avait eu un gros succès, un gentilhomme
s'approcha de l'auteur et familièrement:

LE GENTILHOMME. — Mes compliments. Voltaire!

VOLTAIRE. — Merci, assurément; mais ne pourriez-vous dire: monsieur
de Voltaire?

LE GENTILHOMME. — Oubliez-vous la différence de naissance qui nous
sépare?

VOLTAIRE. — Je ne l'oublie pas. Cette différence fait que je porte mon
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nom, et que vous êtes écrasé par le vôtre!

Le même jour, Fontenelle' lui faisait un compliment un peu pointu:
EONTENELLE. — Mon cher Voltaire, puis-je vous parler en toute sincérité?
VOLTAIRE. — Je vous en prie.

FONTENELLE. — Vous n'êtes pas propre au théâtre. Votre style est trop
brillant, vous avez trop d'esprit.

VOLTAIRE. — Je m'en corrigerai, et, pour commencer, je vais relire vos
œuvres.

// savait en certaines occasions être modeSte. M. de Boisgelin louait la
limpidité de son Style:

«Peuh! fit-il, les ruisseaux ne sont clairs que parce qu'ils ne sont pas
profonds.»

// aimait jouer aux petits jeux. Chez la duchesse du Maine , il proposa un soir
une assez agréable énigme:

Cinq voyelles, une consonne,
En français, composent mon nom
Et je porte sur ma personne
De quoi l'écrire sans crayon.

(Le mot était: oiseau.)

A la mort du philosophe, Catherine II, tsarine, acheta sa bibliothèque; elle y
trouva un cahier manuscrit plein de notes inédites qu'on publia en 1880 sous le
titre: Sottisier de Voltaire. En voici quelques très brefs extraits:

«Nous cherchons tous le bonheur, mais sans savoir où il est, comme'ces
ivrognes qui cherchent leur maison sachant confusément qu'ils en ont
une...» (...)