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Курс французского языка 4 том Г. Може; (стр. 9 из 81)

A la façon d'un dessinateur, JULES ROMAINS a croqué, d'un crayon précis,
élégant, et parfois légèrement irrévérencieux, la clientèle cosmopolite des cafés
«du Montparnasse».

Un morceau de boulevard, à première vue comme bien d'autres.

Quelques centaines de mètres, à peine; sur une bonne largeur. Pas de
pittoresque. Des maisons plutôt bourgeoises, d'un âge indécis et plutôt
récent. Quelques immeubles à moitié cossus, dans le style des Ternes ou
des Batignolles.' Des arbres, comme ailleurs. Un ciel de Paris, de l'avant-
printemps. Tout un fond constitué par un Paris banal, mais bien
reconnaissable. Posée là-dessus la végétation étonnante de cette demi-
douzaine de cafés. Chacun avec son public un peu distinct: ici et là les
mêmes éléments se retrouvent, mais les dosages diffèrent; peut-être aussi la
qualité individuelle des molécules. Au total, un lieu du monde sans pareil.
Un moment du monde sans pareil. Aucun port n'a jamais vu à lafois, sur
ses quais, marins de tant de pays, n'a jamais vu flotter, en haut des mâts,
tant d'oriflammes étrangers. Qu'est-ce, à côté de cela, que le New York de
Greenwich Village ou de la 52e Rue; que le Londres de Soho et de
Chelsea;quele Berlinde Gedàchtnisskirche et du Kurfurstendam2?

Ce qu'il y a de moins provincial au monde, et de moins en retard sur
l'instant. Car l'instant se décroche ici3. L'horloge du méridien О4est ici. La
principale occupation de beaucoup de gens est de régler leur montre. Cette
fille est une Scandinave. Ces deux autres sont des Américaines (l'Améri-
caine se présente par paires, volontiers). L'homme bien vêtu est peut-être
un journaliste anglais, comme Bartiett!5 Cet autre, qui n'est pas très bien
mis, et qui a l'air Russe, est peut-être Russe. Il fait peut-être du courtage de

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tableaux, en seconde, ou troisième main. Il est peut-être agent subalterne
des Soviets; peut-être Russe blanc réfugié, travaillant contrôles Soviets:
peut-être les deux. Il donne peut-être des leçons de français à des
boursières d'art d'une université de l'illinois. Mille particularités, projetées
de plus ou moins loin par le vaste monde, s'abattent ici, et du point
d'impact6 cessent d'être particulières. Une moirare des cheveux; un bleu
des prunelles; la louche couleur, le duveté d'une étoffe, l'accent d'une voix,
le flottement d'une phrase, l'inflexion d'un corps assis, un tournoiement de
la main et de l'avant-bras; le timbre d'un rire....

JULES ROMAINS. Les Hommes de Bonne Volonté. Comparutions (1944).
Примечания:

1. Кварталы, выстроенные в эклектическом архитектурном стиле на северо-западе
Парижа в период Второй империи. 2. Тон здесь несколько иронический. 3. То есть все
начинается здесь. Отсюда и две следующие фразы, имеющие фигуральный смысл.
4. Нулевой. 5. Персонаж "Людей доброй воли". 6. В точке падения: увиденные в точке
падения.

Вопросы:

* D'après cette page, justifiez ce propos de Jules Romains: "Je n'ai jamais pensé que la
grandeur d'un ensemble, l'ampleur d'une synthèse pussent dispenser de la vue aiguë et
infiniment particulière du détail."

MONTMARTRE

MONTMARTRE a bien changé de-puis le temps où Gérard de Nerval en vantait
les «tonnelles», «les jardins touffus», les «sources filtrant dans la glaise», et où
la «Bohême», chère à Henri Murger, venait y cacher ses amours et sa misère.
Il n'est même plus ce joyeux Montmartre içoo, dont Carco, Dorgelès, Mac
Orlan et tant d'autres ont gardé la .wstalgie. Il a cédé le pas à Montparnasse,
qui lui-même s'est vu déserté au profit de Saint-Germain-des-Prés, qui bientôt
à son tour...

Mais s'il n'est plus le refuge des « rapins » et des chansonniers, il a, jusqu'en
son décor vieillot, sa végétation anémique, son pittoresque désordre, gardé on
ne sait quel air de fête et aussi de gentillesse populaire qu'ANDRE MAUROIS va
souligner.

Si le prestige de Montparnasse est plus récent, celui de Montmartre
demeure intact. Sans doute il y a un Montmartre pour provinciaux, dont le
décor est assez périmé. Mais que de coins du vieux Montmartre restent

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inimitables! La Butte est couverte de petites maisons à un étage, au balcon
fleuri, devant lesquelles survit un jardinet planté d'arbustes. A chaque
tournant, vous découvrirez un Utrillo ou un Quizet2 Les rues escarpées sont
bordées de voitures chargées de légumes, de coucous, de jacinthes.
Achetez un bouquet ou un artichaut. «Voilà, ma belle», vous dira la
marchande, «voilà ma chérie, voilà ma jolie.»

Car Montmartre est familier. Savez-vous qu'il existe une République de
Montmartre? Un maire de Montmartre? Et, le dimanche, un défilé de
pompiers que précède le garde champêtre? Explorez cette république. Au
fond d'une impasse étroite, vous découvrirez soudain un vieil hôtel au
fronton sculpté. Au sommet de la rue de l'Elysée-des-Beaux-Arts, un beau
bâtiment ancien forme le fond du tableau. Et regardez cette rue, toute en
escaliers, que coupe en deux, suivant l'axe médian, une vieille rampe de
fer, polie par les milliers de mains qui l'ont empoignée. Une autre est
barrée par un grand arbre, qui a poussé là comme en pleine forêt. Aucun
..plan.

Tout cela est «fichu comme quat'sous» . Les places n'ont pas de forme.
Les rues tournent sur elles-mêmes et vous ramènent au point de départ. Les
murs sont lépreux; les plâtres noirs s'écaillent. Des vignes inattendues
dressent leurs ceps étiques au sommet de la Butte. Tout est désordonné, fou
et charmant*. C'est Montmartre.

ANDRÉ MAUROIS. Paris /1951).

Примечания:

1. «Montmartre», comme le «Montparnasse», est bâti sur une butte, un petit «mont».
Mais on dit la Butte tout court pour désigner Montmartre. 2. Фрагмент улицы — город-
ской пейзаж из тех, что любили писать выдающиеся художники Утрилло и Кизе.
3. Разговорное выражение "одетый как придется, черт-ré как". Четыре су —
крайне ничтожная сумма.

Вопросы:

* On cherchera quels détails du texte permettent de justifier ces trois épithètes.

AU JARDIN DES TUILERIES

Il appartenait à MARCEL PROUST, Parisien de Paris s'il en fut, et chantre
émerveillé de ces bosquets des Champs-Elysées où lui apparurent les premières
«Jeunes filles en fleurs», de célébrer un autre, lieu d'élection, dont il sut, dès
l'enfance, apprécier et pénétrer la poésie: ce jardin des Tuileries, qui joint le
Louvre à la Concorde comme un trait d'union entre la France d'autrefois et

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celle d'aujourd'hui... Ici, monuments et bassins, arbres et parterres, allées ei
kiosques s'unissent en une symphonie qui atteint son plein épanouissement lors
de la floraison printanière...

Au jardin des Tuileries, ce matin, le soleil s'est endormi tour à tour sur
toutes les marches de pierre comme un adolescent blond dont le passage
d'une ombre interrompt aussitôt le somme léger. Contre le vieux palais
verdissent de jeunes pousses. Le souffle du vent charmé1 mêle au parfum
du passé la fraîche odeur des lilas. Les statues qui sur nos places publiques
effrayent comme des folles, rêvent ici dans les charmilles comme des sages
sous la verdure lumineuse qui protège leur blancheur. Les bassins au fond
desquels se prélasse le ciel bleu luisent comme des regards. De la terrasse
du bord de l'eau, on aperçoit, sortant du vieux quartier du quai d'Orsay, sur
l'autre rive et comme dans un autre siècle, un hussard qui passe. Les
libérons débordent follement des vases couronnés de géraniums. Ardent de
soleil, l'héliotrope brûle ses parfums. Devant le Louvre s'élancent des rosés
trémières, légères comme des mâts, nobles et gracieuses comme des
colonnes, rougissantes comme des jeunes ûlles. Irisés de soleil et
soupirants d'amour, les jets d'eau montent vers le ciel. Au bout de la
terrasse, un cavalier de pierre lancé sans changer de place dans un galop
fou, les lèvres collées à une trompette joyeuse, incarne toute l'ardeur du
Printemps.

Mais le ciel s'est assombri, il va pleuvoir. Les bassins, où nul azur ne
brille plus, semblent des yeux vides de regards ou des vases pleins de
larmes. L'absurde jet d'eau, fouetté par la brise, élève de plus en plus vite
vers le ciel son hymne maiatenant dérisoire. L'inutile douceur des lilas est
d'une tristesse infinie. Et là-bas, la bride abattue, ses pieds de marbre
excitant d'un mouvement immobile et furieux le galop vertigineux de son
cheval, l'inconscient cavalier trompette sans fin sur le ciel*.

MARCEL PROUST. Les Plaisirs et les feux (1896).

Примечания:

1. Он несет в себе, словно бы некое волшебство, аромат прошлого и свежее благо-
ухание сирени.

Вопросы:

* Montrez, en particulier, l'originalité du deuxième paragraphe et la valeur de: absurde,
dérisoire, inutile, tristesse, inconscient.

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A BELLEVILLE

Paris, la Ville Lumière, est aussi la ville de beaucoup de misères. A côté des
«beaux quartiers», à cote (le la lumière, qui ruisselle le long des Champs-
Elysées ou qui détache dans la nuit l'Opéra, le Louvre, l'Arc (le Triomphe, il y
a tout un Paris populaire, aux rues étroites, aux maisons pouilleuses, un Paris
d'où ont débouché quelques-unes des plus fameuses émeutes de la Révolution...
Il faut, comme eugène dabit, avoir été un de ces gamins élevés entre des murs
sordides, dans des ruelles crasseuses, pour savoir qu'il existe un autre Paris
que le «Gay Paris» ce Paris de Belle-ville , par exemple, où le «bistrot» est à
peu près le seul Paradis...

A Belleville, on trouve peu de fonctionnaires, peu d'employés. Dès
qu'ils le peuvent, singeant' leurs chefs, ils vont s'installer à l'ouest de Paris.
Dans le quartier des Carrières d'Amérique, de petits bourgeois habitent des
villas. Ailleurs, végète une population qui vote rouge2; ni les prêches des
«équipes sociales»3 ni les promesses officielles ne la détourneront de son
vrai destin.

On émigré chaque matin pour gagner son pain. On ne connaît pas la joie '
des départs, les longues vacances, les provinces lointaines, encore moins
les pays étrangers. C'est ici qu'on naît, vit, et meurt; qu'on travaille et qu'on
aime, sur sa terre natale. Rares sont les attaches avec un village. Dans les
faubourgs du sud-ouest on trouve des Bretons; dans ceux du centre, des
provinciaux forment des associations amicales. A Belleville, on n'a de
racines que parisiennes, des souvenirs qui remontent au temps de la
Commune, et des camarades ouvriers (...). Une malédiction pèse sur ces
faubourgs du nord-est, les noms en sont prononcés avec crainte. La légende
de la révolution les enveloppe. Les couleurs de la misère ne sont pas
riantes pour qui roule en auto aux Champs-Elysées. Il faut avoir habité
Belleville pour ne plus se griser de symboles, d'idées, d'art; comprendre
que les malheureux ne connaissent aucun de ces mirages.

En attendant l'heure désespérée qui les poussera vers d'autres territoires,
comme des vengeurs ou des barbares, ils ont construit un monde où ils ont
leurs joies, leurs amours, leurs biens.

Le premier bistrot venu aide à s'accommoder de cette vie de chien. Des
inconnus vous saluent comme un frère; on respire une bonne odeur
de tabac, de bière, d'apéritifs. La menthe a la couleur des prairies,
l'absinthe la couleur des rêves, et les hommes plus légers imaginent des
départs, pensent saisir un jour la fortune.

Arrivent des copains4 qui fuient leur famille, ou leurs chefs ou une

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maîtresse, ensemble on fabrique une société meilleure. Affalé sur la
banquette de moleskine" ou sur la chaise à clous dorés, les bras sur le
marbre graisseux d'une table, une main serrant le verre, on regarde les
flacons scintillants, les murs ornés de glaces, tandis que dans la rue les
passants se hâtent, les voitures roulent. Les usages, les lois, le bien, le mal,
ne comptent plus; le vieux besoin qu'a l'homme du merveilleux s'épanouit.

L'heure de la soupe, celle du sommeil, peuvent sonner. On a quitté terre.
Jusqu'au moment, hélas! fatal aux songes, où le patron crie: «On ferme!»
On s'enfonce alors dans la nuit, en marmonnant: une journée, une dure
journée encore, avant de pouvoir goûter le même bonheur. On reprend vite
ses pensées moutonnières, on retombe dans son trou, à son poste*....

EUGÈNE DABIT. Parisiens de Belleville.

Примечания:

1. Подражая, обезьянничая. 2. За красных депутатов (социалистов и коммунистов).
3.Католической ориентации. 4. Приятели, дружки (разг.). 5. Молескин, "чертова ко-
жа", плотная блестящая ткань, имитирующая кожу.

Вопросы:

* Relevez les traits de satire sociale contenus dans ce texte. Quelle sympathie l'auteur
éprouve-t-il four ce quartier, à certains égards si rebutant?


III. Французская нация

Двухтысячелетнюю историю не так-то просто резюмировать не-
сколькими словами. Но во всяком случае можно назвать кое-какие
даты и факты, которые позволят отметить ее главные этапы.

Во времена, когда Цезарь предпринял завоевание Галлии (58-52 гг.
до н.э.) эта страна была разделена между тремя многочисленными на-
родами — кельтами, аквитанами и белгами. Подобное разделение
несомненно благоприятствовало планам римлян; после же поражения
национального восстания против римлян, возглавлявшегося Верцин-
готориксом, тяжелая рука императора навязала фактическое единство
нашей стране.